Cabinet de Psychothérapie. Au carrefour de Paris 8, Paris 9, Paris 17 et Paris 18.
Quelle que soit sa forme, associé ou non avec une dépression, le burn-out est toujours le signe d’une rupture majeure dans la continuité de votre existence. Le burn-out veut dire littéralement, lorsqu’il vous arrive, que vous avez « brûlé » toutes vos réserves d’énergie vitale. Personnellement, je pense qu’il s’agit en fait d’un véritable système de sécurité de l’organisme, sorte d’avant-dernière tentative, avant la mort définitive, pour vous ramener à la raison. Que la mort en question soit existentielle (une vie de Zombie qui n’a plus le temps ni l’énergie pour l’essentiel, même si par ailleurs vous accumulez les succès professionnels…) ou réelle (mort du véhicule corporel), « ramener à la raison veut dire pour moi « vous obliger à prendre conscience du caractère catastrophique de votre situation existentielle (même en cas de confort financier) et vous obliger à vous recentrer sur des besoins plus essentiels à l’Etre que vous êtes ».
Ainsi, le burn-out, c’est tout votre corps qui vous informe d’un seul bloc, en vous coupant le « jus », qu’il n’a plus l’intention de vous laisser courir à votre perte dans cette course infernale dans laquelle votre mental dictatorial vous aiguille depuis déjà trop longtemps. Cette Energie de Vie est précieuse et il est temps de la rapatrier, en vous obligeant à la pause forcée, pour la réorganiser vers des directions de vie plus profondément signifiantes. Plus signifiantes que ce dans quoi vous placiez désespérément toute cette énergie, jusque-là. Ici, quel que soit le niveau de violence avec lequel vous vivrez ce passage de votre vie, il vous faut savoir que cet événement est le symptôme d’une transition obligée d’une manière de vivre qui va devoir s’arrêter et changer pour laisser la place à une manière plus accordée de vivre votre existence. Plus « a-corps-dée », c’est-à-dire vers une manière d’être plus en accord avec des principes et des nécessités profondes de votre Etre véritable, que vous avez manifestement négligé en vous depuis déjà trop longtemps.
La violence de la « claque » que vous venez de prendre est en général à la hauteur de l’aveuglement dans lequel vous viviez. Ce qui ne veut pas dire que tout dans votre vie doit être remis en question, ne jetez pas le bébé avec l’eau du bain, le changement peut et souvent doit être aussi progressif que la « baffe » a été radicale. Un arrêt brutal nécessite souvent une longue prise de recul pour digérer ce qui est en train de se passer. Si le message de pause n’a pas pu être entendu autrement que par une injonction et un arrêt violent du corps, indépendant de votre volonté, cela implique qu’il va vous falloir d’abord « ouvrir les yeux » et réévaluer cet arrêt brutal comme autre chose qu’une malédiction qui s’abat sur vous. Cette prise de conscience en soi seule est déjà, pour beaucoup, une étape difficile à passer, en plus des conséquences médicales éventuelles qu’il va falloir aussi traverser. Ici, souffrance, déni, frustration, colère, apathie, et victimisation, pourraient bien être tout d’abord vos compagnons de lit. Et c’est seulement quand vous aurez commencé à lâcher un peu prise sur ce « grand malheur » qui vous arrive que vous pourrez passer enfin à l’étape suivante, à savoir « comment je fais maintenant pour faire face à l’incertitude de cette part d’inconnu qui me fait désormais face. A savoir, la suite de ma nouvelle existence… »
Entendez bien aussi que ce mur du burn-out, quelque fois pris à pleine vitesse, n’est absolument pas non plus une punition liée à je ne sais quelle faute que vous auriez commise. De même que ne pas avoir écouté les messages moins forts que votre corps vous avait déjà immanquablement envoyé avant ce dernier grand clash n’est pas lié à une faute ou un déficit de votre part. Si vous n’avez pas pu entendre plus tôt et prendre en compte les différents « warnings » avant le crash, c’est que d’autres impératifs inconscients et pas forcément rationnels étaient alors encore trop puissants en vous pour que vous puissiez intégrer plus sereinement l’information. Qu’à cela ne tienne, maintenant que vous êtes « immobilisé » dans l’incapacité de retourner à vos excessives occupations habituelles, le travail d’écoute et de prise de conscience va enfin pouvoir se faire. Mieux vaut tard que jamais et rien ne sert de vous martyriser pour ne pas l’avoir fait plus calmement plus tôt. Si cela ne s’est pas fait, c’est que cela n’était tout simplement pas psychiquement possible avant. Mais ça l’est maintenant…
Pascal Acklin Mehri, Psychologue Psychothérapie Paris
Le dégoût, comment faire pour l’apprivoiser?(Chap III)
Maintenant que vous avez lu les deux premiers chapitres (le Dégoût, à quoi ça sert?), vous êtes plus au clair avec l’intérêt qu’il peut y avoir à prêter un peu plus attention à vos ressentis de dégoût lorsqu’ils émergent à l’intérieur de vous. Parce qu’il s’agit d’un phénomène universel qui vient vous informer en profondeur sur un processus naturel capital qui va vous guider vers une plus grande connaissance, une plus grande conscience de vous-même et de vos besoins authentiques. Reste à savoir maintenantcomment faire pour y prêter attention, et pour apprivoiser la sensation corporelle du dégoût, alors même qu’elle est en général, au début, plutôt désagréable, très désagréable voire franchement insupportable…
1) Prêtez attention en toute sécurité en écoutant ce dont vous avez besoin comme conditions pour l’apprivoiser et le traverser dans les meilleures conditions possibles…
J’ai dores et déjà développé certains aspects de la méthodologie à suivre auChapitre III de la question de l’Angoisseet Chapitre III de la question de la Culpabilité. Et de la même manière pour le dégoût, l’accueil se fait dans le corps une fois que l’on s’est placé(e) dans une situation suffisante de confort et de sécurité, avec dans le meilleurs des cas un accompagnant, sinon sans. Il suffit alors de se laisser traverser en portant la meilleure attention possible à chaque bribe de sensation, et le voyage commence. Et que se soit désagréable ou agréable, chaque événement sensoriel même le plus en apparence contradictoire, fait partie du voyage. Respecter vos rythmes personnels, si c’est trop insupportable, prenez un temps, une pause, acceptez que les décrochages, quelles que soient leurs formes (y compris toutes les interventions du mental qui cherche en général à vous divertir du pur ressenti en les interprétant ou en les jugeant constamment…).Tout ce qui vous arrive est OK, même de ne pas y arriver, faites pause et retournez-y plus tard dans ce cas. Apprivoiser veut dire « se rapprocher par aller-retour, par réduction progressive de la distance avec vos émotions les plus intenses ». De toute façon la répétition est une clé que vous pouvez soit décider volontairement, mais dans les meilleures conditions possibles, soit être condamné à subir avec toutes les répétitions intempestives de ces états désagréables, et ceci souvent dans les situations les moins propices, telles que vous aviez l’habitude de les vivre jusqu’à présent.
Progressivement par l’augmentation de la durée de l’état d’attention consciente portée aux sensations corporelles (sans interprétations), cela peut suffire, quelque fois presque « magiquement », à en traverser les effets, comme on traverse une tempête. Ceci pour aller vers quelque chose de beaucoup plus calme par la suite, un lieu intérieur de plus grande sécurité avec la part de soulagement qui va avec. Comme je l’ai déjà dit, il pourra aussi être nécessaire de faire plusieurs traversées pour que les bénéfices s’installent plus durablement, mais vous verrez qu’à chaque fois vous devenez comme un jeune marin, toujours plus habile à la manoeuvre. Il est d’ailleurs intéressant de constater qu’accueillir ses émotions et les traverser ou se laisser traverser par elles est un processus qui renforce considérablement la confiance et l’estime de soi.
2) Prenez le temps de décrire le plus précisément possible ce que vous êtes en train de vivre dans votre corps et vos émotions, mettez une forme à vos sensations…
Dans ce processus d’écoute de Soi, il va être très intéressant, en même temps, de décrire ce qui se passe, pendant la durée d’entrée en contact attentif avec vos sensations corporelles, que ce soit par l’écrit ou par la parole, ou tout mode d’expression (dessin, musique…). Cela vous aidera à maintenir votre attention et à mettre des mots ou des formes sur ce que d’habitude vous subissiez sans jamais, jusque-là, avoir vraiment pris le temps de l’explorer. Chaque description, chaque métaphore ou mise en forme vous aide à reprendre un peu de maîtrise de ce qui se passe. Un peu comme si, au début pour commencer, vous mettiez enfin un drap qui lui donne forme, à cet invisible fantôme qui vous terrorisait. Désormais, il se peut qu’il vous fasse pour l’instant toujours peur, mais vous commencez à le localiser et le « voir » plus clairement, et cela change quelque chose…
Pour la partie description verbale, comme je le pratique en thérapie, il s’agit en gros de trouver des images verbales (métaphores) qui permettent de mieux décrire donc d’apprivoiser le phénomène et de le partager avec quelqu’un. Par exemple, dans le cas du dégoût, si je ressens de la nausée, je ne m’arrête pas là, et cela peut devenir: « C’est comme si quelque chose restait bloqué dans ma poitrine ou dans ma gorge, quelque chose qui voudrait sortir et qui pousse dans toutes les directions de ma gorge ». Plus on y passe de temps et plus cela peut devenir plus clair, plus précis, laissez vous conduire par les mots qui vous viennent, par exemple:« C’est comme s’il s’agissait d’un gaz opaque dense et lourd, qui me pèse, c’est très désagréable, pas douloureux mais très gênant… »; et puis un peu plus loin, l’attention suivant l’évolution des sensations, la description devient encore plus claire: « Cela devient plus chaud, ça pousse avec un gout âcre et acide, je sens que cela me donne envie de vomir.. »; et puis encore un peu plus loin « Je ressens de la colère, et de l’impuissance, comme un blocage, une membrane, dans ma gorge, qui empêche que cela sorte… ». Notez qu’à chaque instant il peut y avoir des « va et vient » comme des formes de rapprochement ou d’éloignement avec les sensations ou émotions, ce n’est pas grave, c’est normal, votre organisme, votre psyché apprivoise par allers-retours…
3) Où l’on peut passer des mots aux images, et des images à l’imaginaire inconscient…
Expérimentez par vous même, laissez vous un peu surprendre et voyez où cela vous mène. Et quand vous en êtes là de votre processus d’écoute, pour passer de la métaphore verbale aux images, il n’y a qu’un pas… C’est pourquoi maintenant nous allons développer ici un aspect complémentaire de tout ce processus d’écoute, qui concerne le travail sur les représentations imaginaires en liens avec les sensations corporelles. Ces représentations imaginaires sont des productions de l’inconscient qui vous aident, si vous acceptez de vous laisser surprendre et guider par elle, à organiser et métaboliser, vers des possibilités de solutions, tous les processus corporels énergétiques et émotionnels par lesquels vous allez accepter de vous laisser traverser. Ce ne sera pas forcément le cas pour tout le monde, mais les images mentales qui vous viennent dans de tels moments peuvent devenir un formidable atout si vous ne forcez rien et que vous les laissez vivre et évoluer d’elles-mêmes. Par exemple, souvent quand la personne en face de moi est déjà dans le processus, je lui demande de laisser venir dans son imaginaire les images qui pourraient le mieux correspondre a ce dont elle à besoin au vu de ce qu’elle vient de me décrire de ce qui se passe dans son corps.
Si nous reprenons l’exemple lié au dégoût de tout à l’heure, au moment où le besoin de vomir se fait plus fort, cela pourrait donner par exemple : » Je me vois en train de vomir toutes mes tripes, sur la table de repas familial, sur le pied de mon boss ou sur mon lieu de travail… ». Ici aucune image même la plus irrationnelle n’est malvenue du point de vue des bienfaits thérapeutiques et du soulagement qu’elle apporte, ainsi : » je me vois me transformer en une espèce de dragon et je crache du feu ou de la lave tout autour de moi ou sur une personne précise… ». Pour ceux qui ne l’ont pas encore vécu, vous n’imaginez pas comme cela peut faire du bien de se relâcher ainsi ouvertement dans son imaginaire. Bien sûr il se peut, du fait de culpabilités résiduelles plus ou moins importantes, qu’accepter de se voir emporter dans de telles scènes imaginaires, pourtant salvatrices, soit difficile au début. Il n’y a, là encore, rien à forcer, rien à plaquer, on laisse faire et cela vient ou cela ne vient pas. C’est de toutes les façons parfait, votre inconscient se fait toujours le reflet de là ou vous en êtes et il ne vous emmènera pas au-delà de ce que vous êtes en mesure d’assumer. Et s’il vous faut plus de temps et d’autres allers/retours, alors ainsi-soit-il. Par exemple, vos images intérieures, en accord avec vos émotions et ressentis, face à la même situation d’envie de vomir, peuvent devenir : » je me vois avec une sorte de bâillon en caoutchouc (ou tout autre matière…) qui me barre la bouche et une moitié du visage et rien n’arrive à sortir, je sens que j’ai du mal à respirer, j’ai l’impression d’étouffer… » alors OK, cette image a au moins le mérite de faire le Polaroïd de l’état des lieux, une mise en forme très claire de la problématique qui vous permettra enfin de trouver une solution un peu plus tard dans la séance, ou lors d’une autre tentative. Ce qui deviendra alors par exemple, à un autre moment : « Il y a des ciseaux qui apparaissent et qui coupent le bâillon, un énorme cri sort de ma poitrine et je vois comme un grand courant d’air qui balaye la scène sans blesser personne, cela me fait du bien, je me sens comme rassuré, beaucoup plus calme.. » etc.. il n’y a pas de limites à ce type de voyage, vous irez toujours là ou vous aviez profondément besoin d’aller, même si vous n’en aviez pas clairement conscience.
4) Essayez par vous même, il n’y a que le premier pas qui coûte…
Maintenant, vous avez les bases, le reste nécessite d’expérimenter par soi-même, à partir d’un dégoût, bien sûr, mais aussi pour n’importe quelle sensation ou émotion de départ. Je pourrais vous décrire à l’infini le type d’images et de descriptions qui viennent aux personnes et qui ne cessent de m’émerveiller tant le pouvoir créateur de chacun est ici à l’oeuvre dans sa très grande puissance de métabolisme, de guérison et de réconciliation avec « Soi m’aime ». Je développerai ailleurs la question des états de conscience modifiée qui peuvent accompagner de manière très naturelle ce type de travail. Ces états que l’on va résumer pour l’instant sous le terme de« transe », ne sont pas à craindre et, au contraire, sont capital pour l’évolution des personnes. Ce sont des états, que je préférerai personnellement appeler« états de conscience augmentée »et qui sont une porte extraordinaire sur des mondes inconscients qui n’attendent que notre exploration et notre ouverture d’esprit pour nous aider à mieux évoluer dans nos vies…
NB :J’ai parlé d’inconscient, mais comme je suis ouvert spirituellement à beaucoup de systèmes de représentation, vous pouvez, dans le type de travail que je propose, transposer tous les types de croyances personnelles qui sont les vôtres. Car peut-être bien que lorsque je dis que votre « inconscient » vous souffle les solutions (si vous acceptez de lui prêter attention), rien ne dit que ce qui souffle n’est pas ce que l’on appelle un Esprit, un Guide, une Entité, un Ange ou finalement tout simplement le « Principe Divin » qui est à l’oeuvre en chacun de nous. (à méditer…)
NB : dernière chose, et je vous laisse y réfléchir aussi… Dans mon expérience, il s’avère que la nausée, en langage « inconscient », est souvent l’alter ego de l’injonction intérieure « n’osez »…
Cabinet de Psychothérapie. Au carrefour de Paris 8, Paris 9, Paris 17 et Paris 18. Travail Emotions Culpabilité, Anxiété, Angoisse
Culpabilité, Chapitre III
Comment traverser la crise de culpabilité?
Si vous avez bien lu les deux précédents chapitres, vous voilà un peu plus conscient que vos crises de culpabilité manifestent en fait des niveaux plus ou moins intenses de la contradiction émotionnelle interne dans laquelle vous êtes. Ceci, face à un choix, une décision ou un positionnement. Une fois que vous savez cela, alors comment faire? Comment traverser ces crises de culpabilité?
Une chose est sûre, face à une contradiction interne, la crise est inévitable et il faut partir du principe que lorsqu’elle arrive, il vaut sincèrement mieux faire de son mieux pour l’apprivoiser et la traverser, plutôt que désespérément essayer de lutter contre ou la mater (ce qui l’obligera à revenir plus tard, de manière répétitive et renforcée). Ces crises et leurs dépassements sont en fait la saine et véritable manifestation d’un passage à la maturité, non plus comme un adulte formaté, mais comme un être humain capable de se remettre en question, de prendre un recul sur ses émotions en acceptant de toutes les vivre comme importantes, qu’elles soient agréables ou désagréables. Bref, tout cela pour nous permettre d’aller à chaque fois vers un être humain un peu plus évolué…
Alors voilà, dès que l’on accepte de reconnaître puis de regarder en face sa contradiction/culpabilité, les choses peuvent enfin commencer à changer. Il s’agit en fait, en y apportant l’attention nécessaire, de commencer à passer petit à petit d’une philosophie de « l’un OU l’autre » à une philosophie de « l’un ET l’autre« . Pour cela, la porte de passage est très simple à emprunter, mais pas toujours agréable dans un premier temps. Il s’agit de mettre enfin votre attention sur ce que vous appelez « culpabilité ». C’est-à-dire, avant tout, quelque chose qui est en train de se passer dans votre corps et qui, justement, tente plus ou moins intensément d’attirer votre attention. Certaines techniques thérapeutiques modernes comme NERTI ou TIPI sont une forme pratique et efficace de ce que je suis en train d’expliquer ici. Prêtez attention à ce que le corps est en train de vous dire et le travail de métabolisme naturel du corps (la brillante intelligence du vivant) va pouvoir reprendre sa capacité bloquée dans l’enfance ou l’adolescence à métaboliser et à digérer les émotions restées depuis si longtemps agglomérées en vous.
Pour cela, soit au moment de la crise, soit après coup en y repensant, il faut d’abord se mettre en situation de « sécurité » pour pouvoir écouter son corps (et donc s’écouter « Soi-m’aime ») dans les meilleures conditions possibles. La notion de sécurité est très relative à chacun, et pourra par exemple impliquer d’être accompagné dans cette expérience, au moins au début, par une personne bienveillante et expérimentée. Mais ce n’est pas une obligation et le phénomène pourra aussi bien fonctionner en le pratiquant seul. Laissez-vous guider par votre intuition pour savoir quelles sont vos besoins spécifiques pour vivre cette expérience dans les meilleures conditions possibles. Maintenant, de manière assez générale, pour se laisser traverser par des sensations qui sont souvent au départ désagréables, il faut être « confortable », c’est-à-dire bien installé et suffisamment isolé de toute interaction intempestive. Une fois que cela est fait, il vous suffit d’accepter de vous laisser guider par vos sensations corporelles qui sont le support de votre « culpabilité » et qui manifestent vos émotions contradictoires.
Ces émotions qui semblent au début irréconciliables doivent être écoutées tout d’abord dans le brouhaha indistinct qu’elles manifestent au travers de la crise de culpabilité. Ici, chaque sensation est digne de respect et d’attention, la boule dans le ventre, le noeud dans la gorge, les contractions musculaires, les contractures, les brulures, les picotements divers et variés, les mains moites etc. Quoiqu’il vous arrive, y compris le coeur et les poumons compressés, voire la suffocation pour certaines personnes, il s’agit d’une tempête à traverser mais qui d’expérience avec le temps se résout toujours par un soulagement et un bien plus grand calme intérieur. Votre inconscient est toujours aux manettes il ne vous fera pas vivre ce que vous n’êtes pas en mesure de traverser. La plupart du temps vous connaissez déjà bien la première étape des sensations de culpabilité mais vous n’êtes jamais allés au-dela car la réaction a toujours été la fuite ; et soit vous réussissiez à refouler, soit vous restiez coincé(e) dans la durée dans cette première intensité désagréable.
Cette fois, l’idée, c’est de rester et d’explorer la tempête comme le ferait un bon scientifique en ne faisant que recueillir et accueillir les faits, ceux des sensations du corps (laissez tomber les interprétations intelligentes ; et, si votre mental s’invite, ne l’empêchez pas, mais essayer juste de le regarder comme une vache regarderait un train passer…). Sachez qu’il vous est possible d’interrompre l’expérience à tout moment si cela vous semble nécessaire, vous y reviendrez plus tard ou une autre fois si les conditions sont plus favorables (il vous suffit de refaire tout naturellement ce que vous aviez l’habitude de faire avant pour « échapper » à cette culpabilité). Les premiers essais peuvent être les plus difficiles, mais chaque contact conscient avec le phénomène vous en apprend un peu plus sur lui, vous le rend moins impressionnant et vous permettra à chaque pas d’entrer un peu plus en lui. C’est-à-dire en vous-même et donc de l’apprivoiser un peu plus. Il ne s’agit pas d’une compétition ou d’un forcing, il faut accepter qu’à chaque jour suffit sa peine, et si vous tombez sur une limite qui vous semble indépassable sur le moment, lâchez l’affaire, c’est le mieux que vous puissiez faire aujourd’hui. Notez que c’est souvent aux endroits où cette méthodologie bloque lorsque vous la pratiquez seul qu’il peut être nécessaire de la pratiquer accompagné par quelqu’un qui connaît déjà le chemin et qui l’a déjà pratiqué.
Avec un accompagnement bienveillant et suffisamment expérimenté, il vous suffit cette fois en plus de ce que vous faisiez seul de partager votre expérience sensorielle en décrivant chacune des sensations que vous percevez, en restant le plus descriptif possible (c’est-à-dire ancré(e) uniquement dans votre corps) et le moins interprétatif possible (c’est-à-dire le moins dans le mental possible). La description et le partage, au fur et à mesure de ce que vous découvrez en vous-même lors de votre traversée, aide à soutenir votre attention sur vous-même. Et c’est cette attention sur vous-même, qui est le moteur et le fuel dont votre corps a besoin pour développer sa capacité d’autoguérison. Dans le cadre thérapeutique que je propose, je rajoute, la possibilité de laisser vos images intérieures (liées plus à votre imaginaire qu’à vos pensées…) vous guider, en même temps que vos sensations, vers l’élaboration de solutions inconscientes qui accompagnent la résolution de vos contradictions internes (je développerai cela ainsi que la question d’une éventuelle transe hypnotique additionnelle, dans de prochains articles..). Ce type de travail est axé sur les ressources naturelles de votre corps/psyché, et ne nécessite absolument aucune réflexion intellectuelle sur l’origine historique de vos contradictions internes, ni de connaissances techniques particulières sur les processus psycho-biologiques mis en oeuvre ici. Même si il est possible que vous passiez, par ailleurs, quand même, incidemment dans ce processus, par des prises de conscience clairvoyantes sur votre situation de vie personnelle.
Que vous pratiquiez seul(e) ou accompagné(e), le résultat, essai après essai (souvent dès la première fois) est le rééquilibrage interne, la réconciliation émotionnelle (le fameux « l’un ET l’autre » dont votre psychisme a besoin pour avancer…). C’est le moment où, symboliquement, sans que vous ayez réellement besoin ensuite de dire le moindre mot, l’enfant intérieur se relève et fait face à l’autorité (parents ou société). En continuant à lui prêter cette attention qui le porte, cet enfant en vous, peut alors enfin assumer de faire comprendre qu’il ou elle ne fait pas ce qu’elle fait, ou qu’elle a besoin de faire, pour nuire, faire du mal ou désobéir, mais parce que c’est son intuition profonde que c’est le meilleur choix pour lui-même, que c’est par ce chemin d’expérience qu’il doit passer et que s’ils l’aiment comme lui les aime, ils l’accompagneront du mieux qu’il peuvent dans sa réalisation, et sinon, il ira de toute façon là où il doit aller car il ne peut peut pas en être autrement…
Sortir des dualités contradictoires qui nous bloquent est ce que l’on fait naturellement et régulièrement dans tous les endroits où l’on ne ressent justement plus de culpabilité, car on ressent de manière beaucoup plus claire la justesse de ses choix ou de ses actes (à ne pas confondre avec les personnes qui se coupent de leurs ressentis et dont certaines peuvent aussi se couper de toute culpabilité…). Hors, comme toute « dualité », les oppositions intérieures que nous vivons entre nos représentations et nos émotions, entre nos émotions elles-même, sont essentiellement issu de l’hypertrophie et de la dictature de notre mental. Celui-ci ne pourra donc pas vous aider à résoudre des problèmes qu’il a lui même participer à créer. Sortir du mental par le biais de l’écoute du corps est donc la solution rêvée et naturelle pour accueillir sa culpabilité et lui rendre, par l’attention qu’elle mérite, un peu plus de cette bienveillance qui seule peut lui redonner consciemment sa capacité à nous informer et à nous guider vers des seuils nouveaux de notre évolution personnelle.
Pascal Acklin Mehri, Psychologue Psychothérapie Paris
A quoi sert le Dégoût ? Chapitre II.
Dégoût et Loi Universelle!
Le Dégoût, en règle générale, est associé dans sa représentation psychologique, au rejet et à la distanciation. Son corollaire « positif » est l’Attraction qui mène souvent vers une représentation psychologique du désir et de l’appropriation. Ainsi, le couple dégoût/attraction est facilement associé avec le couple rejet/désir. Ce qui en langage mental peut vite être traduit par « je suis aimé » ou « je ne suis pas aimé ».
Notez que l’attraction que l’on ressent ou suscite peut être quelque fois aussi difficile à recevoir que le dégoût que l’on vit ou dont on fait l’objet. Et ceci est dû justement au fait qu’on les associe implicitement au couple rejet/désir, ce qui ramène en fin de compte toujours et encore à la question de base « être ou ne pas être aimé ». Remarquez au passage que quel que soit le mot, aimé, désiré, rejeté, leur association avec la question « être ou ne pas être » leur donne une résonance existentielle particulièrement dramatique selon le degré d’adhérence à cette association. Si je pense que ressentir du dégoût au contact de quelqu’un implique de le rejeter et donc de nier son existence, cela devient un traitement violent que je ne veux ni subir ni faire subir. Et me voilà coincé(e) avec une émotion puissante que je ne peux que refouler ou exprimer violemment. Ce type d’impasse est particulièrement « énergivore » et « dépressogène ».
Alors arrêtons-nous un instant et parlons de répulsion au lieu de dégoût. Ce sont deux mots qui s’associent parfaitement, car la répulsion exprime encore beaucoup plus complètement, dans sa dimension corporelle, ce que le dégoût provoque en nous intuitivement, dans nos tripes, du besoin de repousser ou de s’éloigner de quelque chose ou de quelqu’un. Nous voilà avec une autre version de notre couple Désir/Rejet qui serait alors Attraction/Répulsion. Or il se trouve que le phénomène d’Attraction/Répulsion est à la base autant de notre Système Solaire que de l’organisation et de l’équilibre atomique. Que ce soit sur le plan macro-cosmique des planètes ou micro-cosmique des molécules et atomes, tout trouve sa cohérence sur de savantes interactions d’attraction et de répulsion. L’être humain constitué d’atomes et existant sur une planète au milieu d’un Univers, est inévitablement aussi le jouet de ces interactions internes et externes. On parle de l’Attraction Universelle qui est un phénomène qui n’existe obligatoirement que couplé à un phénomène tout aussi universel de Répulsion. Comme le mental humain est branché sur une vision artificielle du positif et du négatif, on ne parle jamais du phénomène de Répulsion Universel. Pourtant l’un ne va pas sans l’autre ; pensez un instant que s’il n’existait que de l’attraction, tout serait très vite agglutiné en une masse de plus en plus informe et compacte, une fusion, incompatible avec la vie.
Selon moi, Désir et Dégoût sont les pendants des lois universelles de l’Attraction et de la Répulsion. Dans leur version psychologique, malheureusement elles prennent, chez l’humain, par le filtre du mental, une teinte positive ou négative. Mais a-t-on jamais vu la Terre se plaindre de la distance que la Lune a prise ce soir-là, et que se passerait il si les deux n’était qu’attirées l’une par l’autre? Ou encore si une molécule pouvait se sentir mal car d’autres molécules n’ont pas voulu interagir avec elle ?!? Dans la nature, le couple Attraction/Répulsion est un phénomène parfaitement adapté au fonctionnement de l’Univers. Nous faisons partie de cet Univers, comment pourrions-nous considérer ce phénomène autrement que parfait pour nous aussi ?
Et si, comme toutes les émotions qui nous traversent, le sentiment d’attraction ou de répulsion était l’expression de phénomènes d’une portée bien plus puissante et importante qui dépasse de loin la pauvre interprétation psychologique responsable de nos principales difficultés, à les vivre plus librement et plus simplement ?! Comme je l’avais déjà souligné dans l’article précédent, si l’on enlève la représentation moralisante « négatif ou positif » alors on se retrouve uniquement avec un phénomène universel à écouter ABSOLUMENT. Car écouter et prêter attention résout instantanément cette putain d’équation « être ou ne pas être ». Il n’y a plus de question dés que je suis présent à moi-même, car dès que je ressens, je suis ! Et si je suis dans l’instant présent de ce que mon corps, et l’univers au travers lui, m’informe, je suis alors au contact de la seule information qui me soit capitale (infiniment plus importante que le 20 heures…) pour suivre ou reprendre la seule direction nécessaire de mon existence. Si je suis mal (mal-être), ce n’est donc pas parce que je ressens du dégoût ou de l’attraction, mais parce que je ne sais pas (ou plus) accueillir sans juger l’inconfort premier d’une énergie puissante qui me traverse, pour la laisser me guider dans la direction d’une réalisation plus profonde de moi-même.
Changer de cadre de représentation est souvent en psychothérapie la base nécessaire pour débuter un changement dans sa vie. Et si, pour débuter ce changement, vous acceptiez de regarder vos émotions, et même le dégoût, dans un cadre et un point de vue radicalement différent de celui qui mène à « lutter contre » ? J’espère avoir contribué à ma manière à vous aider à aller dans ce sens. Alors quand vous ressentirez du dégoût, la prochaine fois, rappelez -vous que, comme dans l’espace intersidéral ou dans l’infiniment petit, si je m’éloigne de quelque chose, c’est obligatoirement que je me rapproche d’autre chose, même si je ne sais pas encore ce que c’est. Et chez les humains cela veut dire s’éloigner du connu auquel on se croyait attaché pour se rapprocher de l’inconnu auquel on aspire même secrètement…
Cabinet de Psychothérapie Paris 9, Paris 8, Paris 17, Paris 18. Psychothérapie de Couple méthode R.C.I (Résonance Corporelle Intuitive) sous Hypnose
Dans un précédent article je posais une première règle de Vie en Couple, « Prendre 100 % de responsabilité pour ses propres actes, comportements et vécus émotionnels« . Et ceci quelle que soit la causalité que l’on attribue à l’autre. Pas toujours facile mais extrêmement enrichissant quand on entre sur ce chemin de prendre ses responsabilités plutôt que de rejeter la faute sur l’autre. Et comme tout ce que j’écris, je ne prétends pas avoir « réalisé » définitivement et totalement ce chemin moi-même. Mais simplement être dessus, en recherche moi aussi, avec mes propres obstacles personnels, sachant de toutes mes tripes que c’est le chemin à suivre. Car j’observe tous les jours, et dans ma vie et dans mon travail, les bénéfices réels de cette prise de conscience.
Pour être plus apaisé dans son couple explorons une autre règle importante, c’est d' »arrêter de croire que c’est votre couple ou l’autre membre de votre couple qui peut ou doit vous rendre heureux! »
On aura aussi dans un autre temps à circonscrire ce qu’ « être heureux » veut dire, je ne développerais pas maintenant. Mais il est clair pour moi que cela a véritablement à voir avec être de plus en plus ici et maintenant conscient, dans l’instant présent en relation avec le Soi, les autres, le monde et l’Univers. Ici le couple est un formidable (difficile, mais formidable) moyen d’exploration de ce chemin, mais ce n’est pas le seul, et toutes les formes d’exploration relationnelle, au monde ou aux autres êtres vivants, est un chemin de réalisation de Soi.
Alors, vous qui souhaitez « alléger » votre relation de couple, commencez donc par cela : « Personne d’autre que vous-même (Soi-m’aime) ne peut vous rendre heureux »! On peut se faire plaisir bien sûr, s’entraider, et s’appuyer sur l’autre momentanément quand c’est nécessaire, améliorer le quotidien par de petites ou de grandes attentions, et cela peut participer à votre bien-être car cela ne gâche rien de se faire plaisir mutuellement. Mais, attention ! Ne confondez pas ! Dès que vous pensez que c’est l’autre qui vous rend heureux, vous entrez inconsciemment dans une équation qui implique automatiquement que l’autre a alors aussi le pouvoir de vous rendre malheureux. Ce qui, sans le savoir, dès le début, prépare votre malheur futur, en déposant au pied d’un autre être vivant ce qui pourtant est une capacité qui n’appartient en propre qu’à vous-même. Car la capacité d’être heureux, et dans l’amour, pour soi-même et par soi-même, appartient à chacun. Et je ne parle pas ici d’Ego-centrisme, bien au contraire, mais d’une véritable capacité de joie et d’amour inconditionnelle avec laquelle nous naissons et laquelle nous pouvons apprendre à nous reconnecter. Une capacité qui est clairement liée à « la relation » avec la vie sous toutes ses formes, (je ne le répéterai jamais assez, à vous comme à moi-même, les auto-piqûres de rappel sont quelquefois nécessaires…).
Une capacité, que tous ceux qui ont élevé des enfants ont observé chez leur progéniture, l’art d’être « heureux » est naturelle chez un enfant et peut se produire dans la qualité de la relation avec tout être et toute chose (fleurs, animaux, insectes, humains et situations diverses et variées de la vie quotidienne, etc.). Et ceci, sans obligation aucune de fixation sur une relation unique sensée être la seule à pouvoir apporter cela. Pour un enfant, tout le fait, tout est ouvert à la relation. Ceci est simple, accessible et évident pour n’importe quel bébé ou enfant en bas âge et se voile progressivement avec les années pour que petit à petit ne demeure de cette capacité qu’un aspect et une vision limités, restreints, supposés être uniques et liés à une seule personne, papa, maman, mon fils, ma fille, mon mec, ma nana. Bref, une possessivité qui défie contre toute rationalité le potentiel d’amour universel qui nous habite tous.
Bonheur et joie de vivre appartiennent donc universellement à tout le monde et seul le retour, même progressif vers cette conscience des choses, peut vous sortir de l’impasse relationnelle et névrotique dans laquelle cette croyance possessive nous place. Beaucoup d’entre vous perçoivent déjà ce que j’entends par impasses lorsque l’on est habité(e) par les croyances suivantes. Que ce soit : « Seuls mes parents peuvent me donner la reconnaissance et l’amour dont j’ai besoin », ou encore son corollaire réactivé dans la relation amoureuse « seul lui ou elle, peut me rendre heureux(se) et donc aussi me donner la reconnaissance dont j’ai besoin ». « Tu me rendais heureux(se), tu ne le fais plus, pourquoi fais-tu cela?, pourquoi tu changes ? Tu me rends malheureux(se) !… » Ces croyances s’associent automatiquement avec tout le cortège de déceptions et reproches inévitables qui finiront par s’accumuler de par et d’autre. Car cette représentation inconsciente de l’amour nous installe obligatoirement dès le départ dans un jeu de dupe et un cercle vicieux qui ne cessera que lorsque cette fausse représentation cessera elle-même, ou tout du moins commencera à s’estomper.
Lorsque la rencontre est encore « fraîche » et que l’on est sur son petit nuage, ce n’est pas l’autre spécifiquement qui vous rend heureux, bien que nous ayons tous immédiatement tendance à l’associer à une personne précise. Il s’agit, comme pour la naissance d’un enfant, d’une sensation universellement vécue par tous les êtres humains de la planète. Il est donc complètement subjectif et irrationnel de croire que le bonheur est quelque chose que cet autre précis nous donnerait. Il est bien plus enrichissant de plutôt considérer que cette relation avec cet autre précis dévoile un accès au bonheur et à l’Amour qui n’a jamais cessé d’être là, et qui nous rappelle en passant que cet accès passe par la relation avec l’autre.
Alors, pourquoi avons-nous « oublié » ?
L’amour inconditionnel est présent initialement, c’est un lien qui unit tous les êtres humains, tout être et toute chose en fait dans l’Univers. Tous les bébés du monde aiment inconditionnellement, et cet amour ensuite s’attache à des personnes précises de leur environnement quotidien. La relation à la mère est, par exemple, le lieu où ce contact avec l’Amour inconditionnel est potentiellement le plus puissamment dévoilé. Et là encore, comme pour la rencontre amoureuse, il y a dans la rencontre avec le nouveau-né un dévoilement de la capacité d’amour et de joie qui se révèle à nos coeurs d’adultes ébahis qui est universel, mais que l’on va associer exclusivement à la personne, l’enfant ou le parent dont la rencontre coïncide au dévoilement de cette capacité.
Pour le bébé, cette capacité innée à l’amour va se voiler progressivement au contact d’un mental humain dont les représentations envoient de nombreux messages contradictoires. Messages qui très vite voilent cette capacité universelle inconditionnelle par des injonctions d’amour conditionnel. Un certain nombre de « transactions » viennent remplacer l’inconditionnel par certaines obligations, devoirs, rôles, à commencer par celui du bon ou du mauvais fils ou fille. Certains comportements ou émotions nous rendent aimables ou pas aux yeux de nos parents et de la société, selon des considérations culturelles, morales ou religieuses qui sont on ne peut plus conditionnelles. Souvent même des conditions d’un passé qui n’est même plus d’actualité. On commence très tôt à apprendre que l’on est accepté qu’à certaines conditions, qu’il va falloir « gagner sa vie » alors qu’elle nous était donnée à la naissance. Et dès que l’on attache cette capacité d’amour et de bonheur à une personne précise qui nous la « donne », comme à nos parents qui nous auraient soi-disant « donné la vie », alors commence le long cercle vicieux de la dépendance affective. Si mes parents me l’ont donnée, et donc l’amour aussi, ils peuvent me l’enlever, et par ombre portée, amour, respect, considération pourront plus tard être donnés ou repris par mon prof, mon boss, ma société, ma femme, mon mari, etc.
Dans la rencontre amoureuse, tout ce micmac du « dé-voilement » et « re-voilement » de l’Amour se rejoue en quelques mois. La rencontre amoureuse fonctionne alors comme une « re-naissance », comme si l’on se souvenait de nouveau. Mais en étant persuadé, car on en a perdu la mémoire, que c’est quelque chose de nouveau qui arriverait encore pour la première fois. Cette porte ré-ouverte sur l’amour inconditionnel va rapidement se refermer aussitôt que la représentation « tu me rends heureux(se) » va pointer son nez. « Tu me rends heureux(se) », soutient implicitement que cette capacité au bonheur, ce contact naturel avec l’amour ne m’appartient pas en propre. Et donc que, de ce que tu vas faire ensuite, va dépendre le crédit d’amour que je me porte à moi-même. Vous avez compris, ici l’adulte que nous sommes vient juste de rejouer en raccourci tout ce qui s’était inscrit dans sa vie d’enfant de ce voilement de l’Amour inconditionnel initial, en amour dépendant, conditionnel et conditionné.
Alors quoi faire désormais si l’on a pris conscience de tout cela? Soyez patient, la suite au prochain chapitre…
P.A.M
à suivre… Chapitre Deux, « Le Couple ne rend pas heureux, mais… » ou « Comment mieux vivre la synergie du couple? »
Cabinet de Psychothérapie. Au carrefour de Paris 8, Paris 9, Paris 17 et Paris 18
Contes pour Enfant Intérieur
« Albert, le Coléoptère »
Albert n’est pas très fier, c’est un coléoptère. Héritier d’une histoire qu’il voudrait qu’on enterre, il est le fils de son père, ce dont il ne sait que faire. Albert a honte de lui, de ses origines, de sa terre, la couleur de sa peau, la forme de son front, lui font vivre un enfer. Cette terre qui lui colle jusqu’au bout de ses pattes laissent des traces dans son coeur et sa peau écarlate. Albert a connu la misère et la guerre, arraché d’un pays dont il ne se souvient guère. Pour éviter la prison et les fers, sa famille est venu chez nous, en Charter.
Albert a tout fait, tous les métiers pour pouvoir étudier, pour ne pas démériter et pouvoir s’intégrer. Il a fallu se battre, au propre comme au figuré, contre les avis et tous les préjugés. Comment se faire aimer, lui, le déraciné ? Comment se laisser vibrer quand on est désaccordé ?
Albert est alarmé, toujours en danger, jamais vraiment protégé, il trouve dans la loi, les règles et son métier, le chemin qui le guide et lui évite de sombrer. Son dieu, il lui vient d’ailleurs, sa spiritualité apprise par coeur, celle qui le maintient droit lorsque les autres le raillent, celle qui le garde en vie quand tout autour déraille.
Albert est un fantôme, une fleur sans arôme, un enfant sans caresse qui s’abrite et se stresse, fait bien son boulot, pas de vagues et très peu d’eau. Enfant il a fui, un soleil, un pays, et depuis tout petit déjà, dans la survie, il fait taire ses envies et se préserve meurtri, tout au fond de lui. Derrière le miroir gris où il s’abrite, il ne donne plus rien à voir et garde à l’intérieur, ses origines, son esprit, ses espoirs et ses cris.
Après une dépression, il a touché le fond, plus possible de lutter, ou de travailler. Il a dû s’arrêter et se blottir en lui, tout contre lui, enroulé comme un bébé, s’écouter dormir et respirer. Ce bébé, ce beau bébé, cet enfant silencieux d’abord, puis bruyant, criant, turbulent, et puis après quelque temps, souriant, enfin, vivant, de nouveau vivant.
De plus en plus clair il s’est vu, nu, sans fardeau, le poids d’un héritage dissous dans de l’eau, beaucoup d’eau. Une guerre sans attaches qui ne lui appartient pas, des armes qui fondent comme des sucres au gré de ses larmes qui se fâchent, et une histoire, des bagages qui, petit à petit, s’allègent et se lâchent. Alors ses gênes sans gênes, sans obligations, désormais s’expriment, sans devoirs ni programmes, comme un musicien inventant ses gammes, libre d’improviser hors du cadre et de toute son âme.
Albert le Coléoptère ne peut plus se taire, à sa grande surprise il a découvert en lui une nouvelle terre. Un nouveau point d’appui, où il a repris le goût aux fruits de son pays, redécouvert les sons, la musique et l’écrit. Sa langue se délie, ses paroles s’envolent et son coeur rigole. Des racines dans les pieds et des ailes dans les yeux, Albert nous parle de Dieu. Celui des êtres libres et heureux. Il est devenu professeur et de la paume de ses mots transmet aux plus jeunes son histoire, ses blessures et ses baumes, ses théories les plus folles, sur la Vie, le Divin et les Hommes…
Pascal Acklin Mehri, Psychologue Psychothérapie Paris
Psychothérapie du dégoût !
Si vous avez l’habitude de lire mes articles, vous commencez à comprendre que l’Estime que je porte au Soi m’amène naturellement à respecter tout ce qui nous vient de l’intérieur, tel que cela se manifeste dans le Corps, comme une source de guidance. Et même si son premier effet est désagréable et non souhaité, comme la douleur ou la maladie, cette guidance ne nous veut que du bien et ne sert, si on apprend à l’écouter et l’apprivoiser, que le meilleur. Il s’agit toujours, pour l’inconscient et le corps, de nous emmener vers une plus grande conscience de nous-même.
Ainsi, comme je l’ai déjà écrit, la Douleur, l’Angoisse, la Dépression, la Culpabilité ne sont ni un défaut, ni une erreur, ni une punition, mais de puissants et salvateurs signaux d’alerte mis à notre service par la Nature. « Lutter contre », qui est la stratégie actuellement et malheureusement la plus répandue, est alors le ticket perdant d’un voyage sans issue. Plus vous luttez contre un phénomène naturel, plus vous le renforcez, car l’univers sera toujours plus fort que votre représentation mentale du bien et du mal. Plus vous « luttez contre » et plus vous dites secrètement à ce message intérieur universel que vous décidez de ne pas l’écouter, de le dévaloriser et de n’en faire qu’à votre tête. N’en faire qu’à sa tête, en langage d’une humanité déconnectée d’elle-même, c’est souvent dire que l’on ne veut fonctionner que selon les schémas stéréotypés d’un mental qui ne veut reconnaître ni Dieu ni maître et, ce faisant, par manque d’humilité face à la puissance de tout ce qu’il ne maîtrise pas, se précipiter la tête la première contre le mur de ses prétentions. Ici vous avez le résumé du cercle vicieux d’une humanité en détresse qui plus elle lutte contre les messages internes qui pourraient la guider vers ses aspirations plus profondes, plus elle se déconnecte, et plus le message augmente en violence (douleur, angoisse, culpabilité, crise, etc.) et se renforce.
L’autre attitude, plus humble à mon avis, c’est de commencer à accepter les messages même s’ils nous sont désagréables et de commencer à envisager qu’ils recèlent peut-être une vérité qui nous serait bien nécessaire pour avancer de manière plus évoluée et plus consciente dans notre existence.
Dans cette optique, observons par exemple aujourd’hui le « DÉGOÛT« .
Dans la logique que je propose, qu’elle pourrait bien être l’utilité du dégoût ? L’approche classique à laquelle tout monde est habitué en fait généralement une sensation considérée plutôt comme négative, et donc un vécu que l’on va vouloir fuir, ou lutter contre, surtout si l’on juge non avenu ou immoral, voire incompréhensible, de ressentir cela.
Qu’en est-il alors si l’on examine le dégoût par le prisme d’un regard plus positivement respectueux ? Tant que cela concerne un détritus sur la chaussée ou de la nourriture frelatée, on comprends l’utilité du sentiment de dégoût qui nous permet simplement de nous éloigner d’une situation ou d’un aliment néfaste pour notre organisme. Mais si cela concerne une situation qu’on ne peut éviter comme son lieu de travail, ou des personnes de sa famille, ou son couple que l’on est sensé aimer, cela peut même se doubler d’un sentiment de culpabilité qui rend le vécu encore plus désagréable. Bien sûr, comme je l’ai expliqué plus haut, dégoût et culpabilité augmentent, soit en « sourdine » (avec des évitements inconscients…) soit « bruyamment » par des symptômes divers, au fur et à mesure que l’on tente la carte de l’oubli, de la répression ou du refoulement. Car travail, patron, conjoint(e) ou famille sont en général liés à des situations que l’on ne peut éviter indéfiniment et dont la confrontation est amenée à se répéter régulièrement jusqu’à ce qu’un véritable changement conscient s’exprime d’abord et se réalise ensuite. Alors, si l’on enlève les notions morales de bien ou de mal, pourquoi donc face à une situation de vie ou un être humain (étranger ou connu, amical ou inamical…) le dégoût ne serait pas, là aussi, la manifestation saine d’un besoin d’éloignement qu’il serait tout aussi important de valoriser ? Et donc pourquoi ne pas considérer le dégoût de la même manière que le dégoût d’un aliment pourri qu’il serait autrement dangereux voire toxique d’introduire dans son organisme ou dans son environnement ?
Bien sûr, quand il s’agit d’un collègue, d’un ami, de son boss, de son couple ou de sa famille, il est plus difficile d’accepter le dégoût à cause des conséquences contradictoires que cela peut entraîner, ou que l’on imagine que cela entraînerait. Pourtant, si dégoût rime avec besoin d’éloignement, cela n’implique pas forcément ni conflit, ni séparation définitive (quelquefois oui…). Une fois écouté et mieux accepté, cela peut être tout simplement momentané, ou le redevenir. Ainsi on peut reconnecter avec des besoins ponctuels d’éloignement qui ont finalement pris la puissance du dégoût car on les a peu ou pas écoutés jusqu’à présent. De la même manière il peut s’agir du signal d’alarme d’une non-écoute prolongée de certains besoins fondamentaux qui définissent les conditions dans lesquelles la rencontre avec ces personnes, lieux ou situations seraient possibles. La nausée ou l’envie de vomir sont souvent liées à des choses mal digérées, mal métabolisées, coincées comme une boule dans la gorge entre non-intégration et non-expression. Envie de vomir et envie d’exprimer refoulées sont indissociables dans la sensation de dégoût.
Bien des « choses » peuvent être ainsi secrètement à l’oeuvre derrière une sensation de dégoût. Qu’est-ce qui me rebute dans mon travail que je pourrais commencer à adapter en écoutant les besoins qui se cachent derrière ce « dégoût » ? Il se peut que je n’accepte pas qu’il est temps de changer, car j’ai par exemple peur du changement; mais à force de tergiverser, la pression inconsciente intérieure devient de plus en plus forte. Quels sont les besoins que je n’écoute pas quand je vais voir tel ou tel de mes proches, à commencer par : « Avais-je vraiment envie de le ou la voir ce jour-là ? ou de les voir tout court en ce moment ? Peut-être que j’ai peur qu’il ne m’aime plus ou qu’il se sente rejeté et blessé si je ne réponds pas à la demande, ou tout simplement que je ne peux pas admettre le mal qu’ils me font car un éloignement impliquerait que je me retrouve seul. Combien de fois et depuis combien de temps ne me suis-je pas autorisé(e) à dire « non » même si c’est mon boss ou quelqu’un d’autre que j’aime ? Peut-être que dire « non » et affirmer mes besoins est pour moi synonyme de conflits et de complications, alors je m’éloigne de moi-même pour ne pas faire de vagues et mon sentiment de dégoût pour telle personne, telle situation, ou moi-même, augmente avec ma négation de tous ces besoins existentiels élémentaires.
Et puis lorsque cela arrive et que l’on est pris par surprise, on se demande d’abord pourquoi le dégoût peut-il émerger avec un travail ou des personnes que l’on est sensé(e) aimer ? Parce que, même si vous adorez les spaghettis bolognaise, ou la glace au chocolat, le sentiment de rejet et de dégout viendra immanquablement si l’on vous force (ou que vous vous forcez vous-même) à en manger plus que de raison, ou quand ce n’est pas le moment ou tout simplement que vous n’avez pas faim. Ce sont les conditions dans lesquels on les reçoit qui peuvent entraîner un rejet profond même des plus beaux cadeaux. Si dégoût il y a, alors, dans la logique où notre corps ne s’exprime pas pour rien, il est clair que ce que l’on vous propose, même un « cadeau », n’est pas fait pour vous ou que les conditions dont vous avez besoin ne sont pas réunies pour pouvoir digérer et accueillir les choses d’une manière plus bénéfique. Et, par votre corps, votre inconscient est votre meilleur guide pour savoir ce qui est bon pour vous. Et si votre dégoût se porte sur le magnifique séjour au ski offert avec beaucoup d’amour par votre adorable grand-mère, ou le nouveau poste à responsabilités sur lequel tous vos collègues saliveraient, il va falloir écouter, même si les autres et vous-même avez du mal à comprendre pourquoi.
En résumé, et pour simplifier, écouter son dégoût revient à mieux définir ses besoins, dont celui d’éloignement, en même temps qu’une meilleure définition des conditions de bonne acceptation d’un événement ou d’une situation, ou d’un rapprochement possible avec une ou des personnes. Dans le cas par exemple d’un parent ou ami avec lequel le lien est fort mais aussi « toxique » cela peut être tout simplement, si l’on doit se voir, de le faire dans un lieu et pour une durée qui vous convienne le mieux possible. Limiter et circonscrire les conditions d’exposition à ce qui génère le dégoût peut suffire à en diminuer l’intensité car « l’alerte » aura été écoutée. Si le dégoût persiste, c’est que vos besoins fondamentaux concernant cette situation ou cette personne n’ont pas encore été mis a jour.
La difficulté suivante, c’est qu’une fois que l’on commence à prendre conscience de son dégoût, et de l’importance de ne pas aller à l’encontre de ce signal primordial, reste encore l’art et la manière de le valider auprès des autres et surtout quand les personnes concernées sont importantes ou proches. Il y a bien sûr une différence entre « écouter » son sentiment de dégoût et dire à quelqu’un « tu me dégoûtes ! ». il s’agira plutôt de s’écouter et de dire (ou au moins de se dire à soi-même) « je ressens qu’en ce moment ce n’est pas ce dont j’ai besoin ! ». Et même si c’est mon boss, mon conjoint ou mes parents, si vous prenez le temps de valider votre dégoût, ce n’est plus qu’une question de temps, avec l’expérience, pour trouver la forme la plus adéquate, la plus respectueuse de vous -même et de l’autre, pour exprimer ce que le dégout a révélé. Ici, la sensation de dégoût qui vous a ouvert les yeux n’a plus besoin d’être partagée, et avec un peu d’exercice de confiance en Soi, cela peut devenir « ce ne sont pas les conditions de travail que je souhaite », « je vous aime mais je ne viendrai pas vous voir ce week-end, car j’ai absolument besoin de ce temps de repos seul avec moi-même ou avec d’autres personnes », « vous êtes mon père (ou ma mère), mais la difficulté actuelle de nos relations implique que je prenne mes distances pour un temps », « je ne remets pas en question votre autorité de directeur, mais je ne peux accepter que vous me manquiez de respect de cette manière » ou encore « j’aimerais beaucoup répondre à votre demande, mais cela nécessiterait certaines conditions qu’il va d’abord falloir réunir », etc. De tels résultats n’arrivent que lorsque vous avez pris le temps du recul, de l’acceptation et de la transformation de l’information existentielle portée par votre dégoût…
Cabinet de Psychothérapie. Au carrefour de Paris 8, Paris 9, Paris 17 et Paris 18.
CULPABILITÉ, Chapitre II : « Naissance d’une puissante contradiction interne »
Entendons-nous bien si je dis que la crise est « saine », c’est qu’elle manifeste de manière tout à fait normale, au début de la vie de l’enfant, la contradiction entre ce que lui veut et ce que veut l’environnement. Ceci est inévitable quelle que soit la qualité de l’éducation donnée à son enfant. Et ceci restera valable pour l’adulte en grandissant, tant qu’il n’aura pas trouvé mieux pour faire face à ses équations intérieures contradictoires, il traversera lui aussi des crises. Le problème n’est donc pas la crise elle-même, ni le fait que, bien sûr, il n’est pas possible d’adhérer immédiatement à tous les « je veux » de nos progénitures pas plus qu’à ceux de l’adulte. Le problème de la culpabilité commence lorsque s’intercalent dans le phénomène naturel de l’opposition et de la crise, les considérations morales jugeantes et dévalorisantes du bien et du mal, du « être gentil » ou « être méchant » qui en langage inconscient humain sont intimement traduite par « être ou ne pas être « aimé(e) ».
Si par exemple j’interdis cette délicieuse glace à la vanille à mon fils de 4 ans parce que nous sommes cinq minutes avant le repas de midi, je fais un choix, par rapport à mes valeurs, quelles que soient mes raisons qui pour moi semblent les plus évidentes et naturelles du monde, je fais le choix que ce sera comme cela et pas autrement. J’impose donc ma vision des choses à mon enfant, ce qui je le répète, est plus ou moins inévitable dans l’éducation. D’ailleurs, j’ai moi-même (comme adulte ancien enfant) eu à faire face à de tels moments d’imposition dans ma propre enfance où certaines règles ou valeurs m’ont été imposées selon des manières plus ou moins violentes. Aujourd’hui à mon tour en position d’autorité, j’ai rejeté certaines de ces impositions qui ont confirmé pour moi leur aberration et leur injustice, d’autres se sont confirmées pour moi dans leurs nécessité et justesse, et enfin, j’en répète bêtement certaines autres de manière in-questionnées car j’y ai adhéré à l’époque sans penser ou pouvoir les remettre en question.
(À ce propos, les « crises » de nos enfants sont quelquefois aussi des occasions cachées de profondément remettre en question certaines de ces sacro-saintes valeurs jamais réellement et sérieusement remises en question.)
Mais pour le moment présent je suis convaincu qu’un enfant ne doit pas manger une glace cinq minutes avant le repas, et si c’est ce que je pense être le plus juste, il va devoir faire avec. Ici commence la crise, car mon enfant a une tout autre vision de la situation et de son besoin le plus immédiat. Il fait donc une crise car au moment de maturité de sa courte vie c’est le seul moyen qu’il a de manière saine de gérer la contradiction dans laquelle cela, c’est à dire « je », le met. De ma réaction dépend alors le niveau de potentielle résolution de cette contradiction et de son devenir et développement progressif chez mon enfant, expérience après expérience. Je peux par exemple le laisser faire sa crise sans lui donner cette glace en sécurisant le périmètre du mieux que je peux pour son bien-être comme pour le mien. Ici l’apprentissage est autant pour le parent que pour l’enfant, car il n’est pas toujours facile de vivre la crise d’un enfant. Il apprend alors à faire face petit à petit aux contradictions dans lequel son contact avec les « règles » du monde adulte le confronte inévitablement tout en percevant de plus en plus clairement qu’il n’obtiendra pas toujours tout de suite ce qu’il veut. Mais il le fait en sécurité sentant que sa contradiction est normale et respectée (donc aimée) et non pas dévalorisée. Le travail de l’enfant est ici en parallèle avec celui du parent qui doit apprivoiser ses propres contradictions réactivées éventuellement par la crise de son enfant. Je viens de décrire la méthode qui me semble idéale que j’essaye de suivre moi-même (pas toujours facile…).
Maintenant dans la même situation, je peux faire un autre choix et ne pas accepter la crise de mon enfant, autrement dit non seulement je lui impose mon point de vue (et pourquoi pas si cela me semble juste pour sa propre protection) mais je souhaite en plus qu’il adhère sans résistance (ce que l’on appelle « l’obéissance ») et donc je nie la contradiction dans laquelle il se retrouve naturellement entre ce qu’il ressent être son besoin et ce que je lui impose qui me semble juste à moi. Je nie le temps qui est logiquement nécessaire pour n’importe qui et a fortiori un enfant, pour qu’il puisse d’abord digérer sa crise et puis d’expérience en expérience percevoir et intégrer la valeur et le sens plus profond de cette règle que je lui impose. Ceci dans la supposition ou ladite règle a vraiment du sens, mais à un niveau qui n’est pas tout de suite accessible à l’enfant, donc à condition que cette règle ne soit pas un simple abus de pouvoir.
Si, lors de cette crise, l’enfant manifeste son mécontentement et que je ne l’accepte pas, je manifeste en retour mon propre mécontentement de parent fasse à son mécontentement. Malheureusement cela signifie que je suis en miroir avec lui et que je ne sais pas mieux faire que lui face à la frustration qu’il n’adhère pas immédiatement avec l’évidente validité de ce qui me semble juste à moi. Et si je rajoute un commentaire désobligeant, jugeant et dévalorisant cela devient pour l’enfant inconsciemment un message de type : « Cette crise qui manifeste en moi la contradiction intérieure dans laquelle je suis est nulle et non avenue, elle fait de moi quelqu’un de non aimable, je devrais adhérer immédiatement et je ne devrait pas vivre ou exprimer cette contradiction » ce qui est un paradoxe inextricable au vu de la réalité du fonctionnement humain. La suite rentre alors dans la logique de ce que j’ai décrit au chapitre I …
En résumé, la crise de l’enfant (souvent plus extériorisée) ou de l’adulte (souvent plus intériorisée) est une première réaction normale consécutive à la mise en face d’une contradiction intime entre un choix et un autre que nous n’arrivons pas à penser compatible. (je ne peux pas en même temps, ne pas prêter mes jouets et faire plaisir à mes parents…) Si j’obéis, j’écrase mon besoin premier (qui n’est pas moins légitime que celui de mes parents) et je suis donc en contradiction avec moi-même. Et si je fais le choix d’honorer d’abord mon besoin personnel intime, je reste dans une profonde contradiction. Cette contradiction voit s’opposer la valorisation que je viens de faire de mon besoin et la dévalorisation de ce choix par le système ambiant (règles, valeurs, parents…), système auquel je suis étroitement lié donc encore très dépendant puisque cela m’affecte plus ou moins fortement dans ma vie quotidienne. Ce que l’on appelle la « Culpabilité » manifeste l’importance de cette contradiction et la dévalorisation associée aux paroles et comportements (voire brimade..) de désapprobation auxquelles on a dû faire face. La puissance de ces contradictions dévalorisantes répétées, amplifiées et intégrées grâce à une série d’expériences répétitives, conditionnera la cohérence et l’équilibre avec lesquels je ferai puis je vivrai les différents choix de mon existence.
Cabinet de Psychothérapie. Au carrefour de Paris 8, Paris 9, Paris 17 et Paris 18.
CULPABILITE, une réalité qui hante nombre d’humains sur cette planète. Manifestation entêtante et persécutante de la Faute originelle ? Punition douloureuse céleste pour toutes nos erreurs ou nos divergences négatives ? Ou encore angoissante persécution de nos entrailles pour manifester l’opprobre et la honte de tous nos vices cachés ?
ABSOLUMENT PAS!
Toute mon expérience de thérapeute tend vers une conclusion qui n’a rien avoir du tout avec la sacro-sainte faute, ou la punition de nos pêchers ou de nos « mauvaises » actions ou intentions.
Toutes les sensations corporelles que nous relions au sentiment de culpabilité sont purement et simplement une information du Soi inconscient qui nous met en contact avec l’existence d’une contradiction intérieure profonde dont les conséquences existentielles sont suffisamment importantes pour que notre corps et l’inconscient derrière, tentent par tous les moyens, même les plus désagréables, d’attirer notre attention.
Bien sûr, tant que nous interprétons ces signaux « désagréables » de manière totalement conditionnée comme la résultante d’une faute ou d’une punition, il est impossible d’en apprivoiser la « substantifique moelle ». Et si nous avons appris très tôt dans l’enfance à nourrir cette interprétation négative de nous-même et de ce que notre corps nous dit, alors les sensations associées à ce que l’on appelle la culpabilité, peuvent quelquefois devenir insupportables.
Pourtant on peut comprendre plus facilement avec la douleur quand on se blesse physiquement, qu’il s’agit d’une information, désagréable peut-être, mais absolument indispensable pour attirer notre attention sur un problème dont il va falloir prendre soin. C’est exactement la même chose dans le cas des sensations désagréables associées à la « culpabilité », sauf que sans décryptage et plusieurs siècles de bidonnages interprétatif social, culturel et religieux, il n’est plus possible d’entrevoir une interprétation qui soit respectueuse de soi-même.
Cette interprétation bien plus respectueuse de Soi, concernant les sensations de culpabilité, est la suivante…
Imaginons un petit enfant qui joue tranquillement au bac à sable, il ne souhaite pas prêter sa pelle ou son seau, quelles que soient ses raisons, mais un de ses parents intervient en lui faisant comprendre que c’est « vilain » de ne pas partager et il lui demande donc de le faire, voire même il l’oblige à le faire. Ici commence un débat intérieur et une contradiction qu’il est difficile à résoudre pour l’enfant. Équation qui s’aggrave avec le temps et le niveau de névrose du milieu ambiant…
L’équation intérieure est la suivante, je veux faire plaisir à mon papa ou à ma maman car je ne veux pas qu’ils me considèrent comme « vilain » ou « méchant » ce qui en langage inconscient d’enfant se traduit par le pire des résultats, le pire des fantasmes : « Ils vont cesser de m’aimer ». Et d’un autre côté, toutes mes tripes me disent que je ne veux pas prêter mes jouets. Peut-être que je veux juste rester seul, tranquille ce jour-là, ou à ce moment-là, peut-être que je perçois (comme nous le faisons tous adulte..) que cet autre enfant ne me revient pas et que je ne souhaite pas d’interaction particulière spécifiquement avec celui-là, ou peut-être tout simplement que je suis à un âge où délimiter et protéger mon « territoire » est instinctivement bien plus capital pour l’instant que de répondre à une instance sociale de la politesse, du « politiquement correct » de ma mère envers la fille de la voisine avec qui elle veut rester en bon termes, ou du système de valeur de mon père qui implique que partager est bien. (Ce qui ne veut pas dire que « partager » n’est pas aussi une bonne chose, c’est obliger à partager qui peut poser problème, puis faire peser une dévalorisation sur l’enfant qui veut suivre un autre choix que celui du parent…)
Me voilà donc avec un dilemme dont chaque choix peut avoir des conséquences désagréables, soit je pique une crise (probablement la réaction la plus saine..), soit je m’écrase et je fais ce que l’on me demande. La crise me permet d’assumer mon besoin profond mais me confronte au fait de déplaire à mes parents, et m’écraser, par définition, écrase mon besoin premier mais m’assure l’appréciation positive de mes parents. Dans un cas comme dans l’autre le niveau d’intensité de la contradiction réglera le niveau d’intensité de ce que l’on appelle la culpabilité. Et ce niveau d’intensité dépendra directement de ce que je ressens du type de réaction de mon environnement. Plus la réaction est « difficile » et plus le phénomène prendra de l’ampleur avec le temps, la répétition, et de manière variable selon les valeurs, les tabous et les souplesses ou rigidités de l’environnement familial, social, culturel ou religieux. Cette équation, et la manière dont on m’a aidé à la vivre, m’accompagnera tout au long de ma vie, ici commence le chemin de croix de la culpabilité qui se déclenchera chaque fois que dans cette vie je voudrais valider un besoin personnel qui ne sera pas en accord avec des valeurs, des règles ou des attentes, qu’elles soient réelles, supposées, imaginaires, implicites ou explicites, qu’elles soient extérieures à moi ou intériorisées en moi…
Rencontrer un Psychologue Holistique. Au carrefour de Paris 8, Paris 9, Paris 17 et Paris 18
Les Émotions, entre Libre Expression, et Passage à l’Acte
Un des principaux obstacles à la libre expression des émotions est l’anticipation des conséquences. Typiquement, par exemple, je ressens de la colère, mais j’ai peur des conflits éventuels que son expression pourrait entraîner, ou bien j’anticipe que l’on me rejette ou que l’on ne m’aime plus si je manifeste mon agressivité, ou encore, je ne veux pas blesser l’autre… alors je refoule ma colère, je l’intériorise ou la retourne contre moi-même et si je fais cela depuis l’enfance je peux même ne plus ressentir la colère du tout, car son refoulement est devenu un réflexe qui se manifeste instantanément.
Avec l’idée de l’acte auquel on associe l’émotion s’accompagnent des jugements de valeurs qui justement ne mettent pas ces émotions en valeur. Ce raisonnement est valable avec toutes sortes d’émotions, et ainsi certaines personnes pensent : « Si j’écoute ma tristesse, je vais pleurer et si l’on me voit, on va me juger comme un faible… si j’écoute ma sensation de « dé-pression », je vais tomber dans un trou sans fond dont je risque de ne jamais me relever, je ne pourrai plus affronter les difficultés de la vie, ce qui serait lâche de ma part… si j’écoute ma colère, je vais rougir ou me mettre à trembler et je peux finir par exploser, on me considérera comme quelqu’un qui n’a aucune maîtrise » etc.
Autrement dit l’un des obstacles majeurs qui se dresse entre moi et mes émotions est la représentation et les valeurs à auxquelles j’associe cette émotion et son expression ou son passage à l’acte. Une fois que l’on a associé intérieurement le bébé et le bain, on a vite fait de jeter l’un avec l’autre. Ainsi en rejetant les conséquences éventuelles supposées négatives, liées à l’expression ou la mise en acte d’une émotion, on rejette en même temps sans faire le tri, l’émotion elle-même. Ce qui est une catastrophe, car les émotions sont des alliées, de véritables guides célestes, qui ne cherchent qu’à nous aider à mieux traverser notre chemin de vie.
Pour réapprendre à valider ses émotions et mieux les apprivoiser, il va donc falloir d’abord réapprendre à séparer le bébé et l’eau du bain. Le précieux « bébé », ce sont les émotions (quelles qu’elles soient) et le bain, lui, est composé de :
1) le passage à un acte physique qui risque d’être mal vécu ;
2) les représentations négatives ou dévalorisées, ainsi que les jugements moraux qui en découlent.
Et si je pouvais exprimer librement dans mon corps et mes mots les émotions profondes qui m’habitent sans que je ne sois obligé d’en « faire » quoi que ce soit ? Et si je m’apercevais du même coup qu’exprimer « sans faire » entraîne de vraies actions intérieures et surtout un vrai entraînement à la gestion des émotions ? C’est ainsi que dans l’entraînement des sportifs de haut niveau on travaille par exemple la visualisation et la représentation imaginaire d’une future performance sportive pour préparer leurs corps et leurs circuits neuronaux. Sans « rien faire », juste en imaginant la situation, ils sont pourtant en train de préparer certains des circuits cérébraux impliqués dans la pratique physique réelle, dont on s’est aperçu qu’ils sont les mêmes que lors de la pratique imaginée.
De la même manière, dans la sécurité de l’espace thérapeutique, libérer et partager ses émotions hors de toute situation réelle, sans d’autres buts que de vivre ses émotions en dehors des moments de réalités où ils ont eu lieu la première fois est l’entraînement dont vous avez besoin pour apprivoiser vos émotions. En thérapie, loin des interactions réelles avec le travail, les amours ou la famille, il ne peut plus y avoir de conséquences réelles immédiates chez les personnes concernées par nos émotions. Et sans conséquences, sans passage à l’acte possible, sans retours des personnes concernées, les jugements négatifs que l’on craint ou que l’on porte sur soi-même n’ont plus de fondements. Il ne reste que l’émotion pure ressentie dans son corps. S’ouvre alors pour vous la possibilité d’explorer enfin toutes les autres portes intérieures sur lesquelles vos émotions essayent depuis si longtemps d’attirer votre attention. Sans les conséquences, et sans les jugements du mental, votre attention et votre conscience peuvent redevenir la clé d’une incroyable exploration de vous-même…